Emilie

Publié le par Manue la clocharde & Lisouille la grenouille

Emilie ouvrit les yeux et mis un temps à réaliser qu’elle était dans une chambre d’hôtel

Personne à ses côtés…tant pis, tant mieux, la vie recommençait tous les jours de toutes façons.

Elle prit une longue respiration, laissa ses pieds nus s’enfoncer dans l’épaisse moquette et ouvrir ses volets.

Le spectacle lui aurait presque extrait des larmes tant son plaisir fut grand, des kilomètres de pistes encore dans la lueur d’un matin qui lui, prend tout son temps à se lever.

Elle fit couler un bain dans la grande baignoire et se mit du Mozart, elle prépara ses affaires, l’excitation montait, cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas skier librement, tant d’années à ramer pour pouvoir s’en sortir. Elle se glissa dans l’eau chaude et mousseuse.

J’ai quand même réussi…ça y est j’ai enfin réussi et ma vie m’appartient, je suis libre à présent.

J’en ai chier et baver et j’ai gagné, woao, il ne reste que moi à satisfaire et je vais être attentive au moindre de mes désirs, le plus fort, le premier c’était ça…une semaine de ski rien qu’à moi à moi à moi et à moi seule.

Les ondes prolongèrent l’écho de ses pensées avec un vieux tube de Bon Jovi…It’s my life…it’s now or never… les images défilaient comme une rétrospective. Le service d’étage la sortit de ses songes, elle sauta dans son peignoir et le serveur vint déposer son petit dej.

 

Elle aurait bien aimé partagé cela avec une amie, sa sœur ou n’importe quel copain mais elle avait choisi la solitude pour vivre son plaisir en solitaire, en pure égoïste, skier à son ryhtme avec son walkman et ses musiques sacrées….

 

D’autres images lui vinrent, elles avaient 7 ou 8 ans et l’envie de skier les faisaient bondir du lit bien avant qu’il fut l’heure, elle avalaient leur petit dej à la hâte au lieu de finir la nuit dans leur bol, elles jubilaient et piaffaient d’impatience jusqu’au moment divin les dragonnes enfilées, le pommeau du bâton dans le creux de la main, l’avant de la chaussure s’engage et l’arrière claque, que le stop ski colle au dos de la cheville et que les premiers flocons s’écrasent dans un bruit exceptionnellement fabuleux.

 

Une fois le check list terminé, Emilie prit la porte regardant derrière elle, le lit encore défait, les restes du plateau, les affaires pèle mêle, quel luxe de ne pas être sa propre femme de ménage même si ce n’est qu’une semaine…
Une fois dans le hall de l’hôtel, la réceptionniste avec un grand sourire lui tendit un forfait à la semaine.

Ca aussi ça avait bien changé !!!
De son temps des anneaux en fil de fer se passaient dans la fermeture de l’anorak et on collait un adhésif qui venait immanquablement vous fouetter le visage…

Aujourd’hui, une carte magnétique accrochée sur le gant vous permettait de prendre les remontées, de déjeuner dans n’importe quel restaurant de la station, de louer le matériel ou encore utiliser les nombreuses navettes.

Bien au chaud dans sa combinaison, son walkman , Emilie enfila ses dragonnes, prit le pommeau de ses bâtons dans le creux de ses mains en souriant rien que pour elle, et l’avant du pied droit vint se caller dans la fixation et le clac lui fit une deuxième fois monter les larmes, l’autre pied, elle souffla profondément et appuya sur le bouton play. Offspring, Carpenters, Chicago, Alan Parson , Good Charlotte, Genesis, Marillion, Madness, Simon and Garfunkel, les Doors les Floyds bien sur...rien de tel en pleine montagne que les Floyds et mille autre chose, de quoi se perdre un mois...la vitesse et la fraïcheur lui firent oublier ces 55 ans et elle prit large, une journée pour n’être qu’elle, Emilie à tous les âges de sa vie autour de ce plaisir immense de vitesse de courbes et de sensations fortes. A chaque âge ses plaisirs disait-on alors elle aurait toujours 6 ans.

 

Publié dans Délires....

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S
On l'appelle Emilie Jolie<br /> On l'appelle Emilie Jolie<br /> Elle rêve de s'envoler là haut, tout au bout du ciel, sur leurs ailes ...<br /> <br /> Je te prends sur un spécial quand tu veux, sur un géant t'as gagné d'avance c'est pas drôle<br /> Grrr, trois saisons sans poudre c'est long
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L
Cette "fiction" m'a tout l'air d'etre un mélange de vécu et de projection dans l'avenir... N'est-ce-pas Grenouille???? Bises<br /> La Clocharde
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S
Comme tu dis! Savoir prendre le meilleur de chaque époque, voilà le secret puce!<br /> Encore une belle évocation du plaisir de la glisse (j'suis un peu hermétique sauf pour le ski de fond que je pourrais pratiquer des jours entiers)<br /> T'as des envies de vacances à la neige?<br /> Gros baisers ma lisouille et passe une bonne journée.
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